Chez Schneider Electric, du temps pour manager !

Nombre d’entreprises industrielles qui disposent d’un haut niveau d’expertise technique remettent en question leur modèle managérial. Le super ingénieur qui devient manager parce qu’il sait mieux que les autres ne séduit plus les organisations en quête d’agilité, d’adaptabilité et d’intelligence émotionnelle et relationnelle. Peut-être un peu caricatural, ce constat est tout de même très proche de la réalité. Pour preuve, les projets de transformation managériale ou de changement de culture managériale qui ont fleuri ces dernières années dans ces grandes structures hiérarchisées, pyramidales et statutaires. L’exemple de Schneider Electric est tout à fait saisissant à cet égard.

En l’espace de quelques années, Schneider Electric a poussé pour faire tomber les silos et faire primer le collaboratif sur le « command and control ». « Il faut faire confiance et responsabiliser. Le modèle managérial matriciel et géographique doit fonctionner en bonne intelligence avec du lâcher-prise sinon ça devient monstrueux et il n’y a plus d’agilité » nous explique Marie Vézy, DRH pour les fonctions corporate et l’innovation de Schneider Electric. La culture managériale, et plus largement la culture d’entreprise pouvaient bloquer la transformation du business. L’intégration rapide des changements n’est plus compatible avec la lenteur inhérente au « tout contrôler ». Des études ont montré que la transformation de l’entreprise et de la stratégie étaient très bien comprises jusqu’au niveau N-3 du COMEX, mais pas en-dessous. Le middle management a donc un rôle essentiel pour permettre à tous les collaborateurs de comprendre la stratégie et le sens global des actions menées. Mais pour cela, les managers ne doivent pas être mobilisés 100 % de leur temps sur les activités opérationnelles très court terme. Ils doivent avoir du temps pour manager (être tourné vers leurs collaborateurs) et aussi du temps pour s’ouvrir au monde et prendre du recul.

Schneider Electric a lancé un programme audacieux pour ses leaders appelé « Free up your energy ». Le principe est simple : 30% du temps du manager doit être consacré, non pas à l’activité opérationnelle, mais à s’occuper des collaborateurs, des clients, se former, s’ouvrir sur le monde et avoir du temps pour penser ! « L’excellence opérationnelle est bien sûr fondamentale chez Schneider Electric mais si l’on veut rester leader il faut aller au-delà car nous avons besoin d’innover. », nous explique Marie Vézy. Et cerise sur le gâteau, cette impulsion a été portée par le Président et le Comex : gage d’engagement. Dans ce programme il y a tout un ensemble de recommandations pour aider les managers, y compris pour gérer leur agenda, essayer de trouver du temps qualitatif, inventer ou déterminer les actions qui ont le plus d’impact, s’ouvrir sur l’extérieur, réduire les temps de réunion à 45 minutes, retravailler les priorités (quaterly business review qui demandent moins de préparation), simplifier et réduire les reporting, faire en sorte qu’on utilise les mêmes outils, gagner en productivité en s’appuyant sur des collègues dont c’est le métier… Bref, dégager du temps au manager pour manager !